D'Apple à Linux

Retour aux sources

10/02/2024

Introduction

Je viens d’entreprendre une migration d’un environnement intégral Apple vers un environnement quasi exclusivement sous Linux.

Pourquoi étais-je sous MacOs et iOS ? Pourquoi ai-je eu envie de (re)passer sous Linux ? Quel a été le résultat de cette migration ?

Je vais essayer de répondre à toutes ces questions dans cet article, mais tout d’abord, d’où suis-je parti ?

Mon matériel actuel

Je dispose à titre professionnel et personnel de matériels issus de l’écosystème de la Pomme :

Pourquoi avoir choisi Apple ?

Je suis content à la fois du matériel et du fonctionnement de l’ensemble. Le système est bien intégré et il est agréable de ne presque rien avoir à faire pour que tous ces matériels discutent entre eux.

En premier, il y a quelques années, j’ai choisi le MacMini pour ses performances.

Pour mes photos, j’utilise DxO PhotoLab ⎋et sur des mêmes traitements utilisant le GPU1, le MacMini avec un core i5 et 8 Go de mémoire mettait 2 à 3 fois moins de temps pour les traitements complexes qu’un PC à base de core i7 et 16 Go de mémoire ; au moins, je savais que le matériel ne serait pas bridé avant longtemps par l’évolution du logiciel.

Une fois ce choix-là fait, passer aux autres matériels fut assez naturel. Et c’est comme cela que je me suis retrouvé avec du matériel Apple. Sauf un : la montre connectée ; oui, j’en ai une, une Garmin Fénix 6 Pro, qui me sert pour la randonnée, que ce soit dans l’enregistrement des traces, ou dans la création des parcours et la géolocalisation des photos ; le choix a été assez simple : l’autonomie et les cartes IGN ont fait pencher la balance en défaveur d’une Apple Watch.

Apple, est-ce le diable ?

Il est notoire qu’Apple n’est pas le constructeur ou l’éditeur le plus responsable, éthique ; ce n’est pas non plus le seul qui ne soit pas conforme à des attentes du Numérique Responsable2 et de la conception responsable, mais ce n’est pas une raison pour perdurer dans cette voie.

Apple est bien connu pour la fermeture des logiciels, son peu de compatibilité (voir la migration plus bas sur les problèmes matériels), son obsolescence programmée, le peu de réparabilité de ses matériels. Bref, ce n’est pas vraiment rose de leur côté.

Toutefois, il faut reconnaître que leurs matériels sont performants, de qualité (vu le prix, on ne peut pas s’attendre à moins) et bien intégrés. Les évolutions des systèmes sont aussi prises en compte sur la durée (au moins pour les corrections de sécurité) : mon iPhone qui va sur ses 8 ans est encore à jour en termes de sécurité.

Ainsi si quelqu’un souhaite aller dans le sens de la durabilité, la question se pose vraiment pour trouver le compromis entre un appareil performant, fiable et très facile à intégrer avec d’autres matériels de la marque et les impacts négatifs d’Apple.

C’est ce choix-là que j’ai fait pour basculer, quelques années en arrière, dans le monde de la Pomme : la facilité d’utilisation et la performance à ressource moindre ont été des facteurs déterminants.

Mais alors, pourquoi migrer sous Linux ?

La question est légitime, en effet. Étant dans une démarche de plus grande responsabilité que ce soit à titre personnel ou professionnel, il me semble important de reprendre pied dans le monde du logiciel libre au-delà de Firefox ou quelques autres logiciels que j’utilise.

Reprendre pied, car il y a assez longtemps, j’étais déjà sous Linux. J’ai commencé avec la RedHat 1.0, c’était il y a bien longtemps. J’ai pu ainsi tester des distributions, des logiciels, parfois en profondeur comme ceux de traitement photo. En 1993, j’accompagnais l’ONERA pour déterminer un socle de logiciels libres pour remplacer certains de leurs logiciels propriétaires.

Reprendre pied dans le logiciel libre en l’utilisant au quotidien va me rendre plus pertinent dans mes recommandations que je peux faire soit dans mon entourage soit, principalement, à titre professionnel que ce soit pour l’utilisation du numérique ou pour la conception de services.

Quel est le rapport avec le numérique responsable ? Les valeurs du logiciel libre sont autour du partage, de l’équité, du don, de la transparence, même si logiciel libre ne veut pas dire gratuité.


“Free software” means software that respects users’ freedom and community. Roughly, it means that the users have the freedom to run, copy, distribute, study, change and improve the software. Thus, “free software” is a matter of liberty, not price. To understand the concept, you should think of “free” as in “free speech,” not as in “free beer”. We sometimes call it “libre software,” borrowing the French or Spanish word for “free” as in freedom, to show we do not mean the software is gratis. A program is free software if the program’s users have the four essential freedoms:

By doing this you can give the whole community a chance to benefit from your changes. Access to the source code is a precondition for this.3


Source : Free Software selon GNU Operating System ⎋


Il est ainsi important de penser réutilisation de l’existant ; face à un service propriétaire, une organisation peut l’intégrer dans la conception d’une application, mais sans obligatoirement connaître ou comprendre l’intégralité de ce que réalise ce service propriétaire et sans pouvoir l’adapter à au contexte de l’application : où vont réellement les données, que faire de cette multitude de fonctionnalités inutiles, mais pourtant chargées, que deviendra le service dans le futur, ... sont autant de questions qui peuvent se poser, mais qui ne se posent pas avec le logiciel libre.

L’organisation qui cherche à aller vers de la durabilité, peut ainsi participer à la communauté soit en faisant évoluer l’existant soit en proposant des nouveautés et montrer un peu plus d’exemplarité.

Comment s’est faite la migration ?

Ça ne démarre pas bien

Je vais commencer par le point négatif qui a contraint ce que j’ai pu faire avec mon MacMini. Les outils libres de traitement photo sous Linux ont certes progressé, mais restent loin de ce que proposent des outils propriétaires comme DxO PhotoLab ; j’ai fait quelques tests avec les grands outils classiques de traitement des images brutes de capteur (le format RAW spécifique à chaque boitier), mais aucun ne peut rivaliser selon mon besoin.

C’est grosso-modo le seul point de blocage logiciel que j’ai eu à traiter. Tout le reste peut se faire en logiciel libre ou au travers d’un navigateur. J’ai même remplacé certains logiciels payants et propriétaires par un équivalent libre et gratuit (gestion de mes comptes bancaires par exemple).

J’ai donc conservé la partition MacOS du Mac Mini et j’ai ajouté un disque externe (une fois les tests terminés) pour installer la distribution Fedora, distribution qui a ma préférence depuis très longtemps, même si sur mon RaspBerry Pi, c’est Debian qui le propulse.

Un autre problème est apparu sur le Mac Mini : LA puce T2, la fameuse puce. Elle a pour objectif de sécuriser les Mac depuis 2018, mais ne facilite pas du tout l’installation de systèmes alternatifs comme Linux. Après quelques manipulations pour désactiver cette protection et gérer les problèmes de WiFi, Bluetooth et audio, on arrive à s’en sortir.

C’était toutefois important de vérifier le bon fonctionnement de la partie audio. En effet, étant en télétravail à 90 % , je suis régulièrement en conférence audio ou vidéo. Mon casque est filaire, normal. Il faut donc m’assurer que la partie audio interne du Mac Mini va fonctionner correctement. C’est le cas après avoir configuré selon des instructions glanées sur le Web.

Le MacBook, quant à lui, a été beaucoup plus facile à installer, même pour l'audio. En effet, il n’a pas de puce T2. Et comme je n’ai pas besoin de conserver MacOs sur cet appareil, j’ai donc installé directement Fedora sur le disque interne.

Les tests

J’ai commencé par travailler pendant 2 à 3 semaines sur la base d’une installation totalement fonctionnelle sur une carte micro SD (avant d’acheter le disque externe du Mac Mini et effacer le disque du MacBook) ; je sais très bien qu’à titre personnel, la bascule se fera sans problème.

Mais il faut je m’assure que tout va bien côté professionnel. Et ce sera important, notamment sur le Mac Mini avec sa puce T2.

De quoi ai-je besoin au niveau professionnel ? Un navigateur pour accéder à l’espace de collaboration Zoho WorkSpace et c’est pratiquement suffisant. La compatibilité de la suite bureautique avec celle de Microsoft est assez grande, mais elle comporte quelques lacunes. Il faut donc pouvoir accéder à la suite bureautique de Microsoft pour ne pas avoir de problème dans les échanges avec mes clients, surtout lors de mes envois.

Sans aucune conviction, j’ai essayé d’installer le pack Office sous Wine (qui, sans être un émulateur, a des fonctions très proches), mais bien évidemment cela ne marche pas. Çe eut marché, mais ça ne marche plus. Il ne me reste plus qu’à prendre une licence Microsoft 365 pour pallier les lacunes, solution qui a aussi ses lacunes par rapport à la suite installée sur le poste de travail.

Par contre, tout le reste fonctionne très bien, que ce soit la synchronisation de Zoho Drive ou celle de OneDrive, l’accès aux périphériques comme la webcam. Il faut mettre un peu la main à la pâte, mais rien de bien compliqué.

Il ne reste plus qu’à déployer.

C’est parti !

Le MacBook est le premier à passer dans sa configuration finale. Puis ensuite le Mac Mini. Tout se passe bien et je peux continuer à travailler dans des conditions qui sont même meilleures que celles que j’avais sous MacOS (le MacBook est plus réactif par exemple).

Je redécouvre tout l’écosystème de Linux avec l’environnement graphique Gnome Shell, et c’est un plaisir de retrouver ses marques et de découvrir des nouveautés.

Conclusion

J’aime bien me dire qu’il ne faut pas avoir de regrets ; on ne sait jamais ce qui aurait pu se passer si une décision s’était faite de manière différente. Aurais-je dû passer sous Linux avant ?

En tout cas, je me sens bien mieux pour travailler et pour mes loisirs avec Linux qu’avec MacOS ou Windows. Peut-être que mon fond lointain de geek refait surface, qui sait ? Peut-être est-ce le fait d’avoir beaucoup plus de libertés dans mes choix ou meilleure capacité à configurer l’environnement comme je le souhaite ?

Finalement, j’ai gagné sans rien perdre ou si peu, que cela en est insignifiant ; c’est bien là l’essentiel.

Est-ce une direction que tout le monde peut prendre ? Bien sûr que non ; il faut quelques compétences, de l'appétence pour le sujet, de la conviction, … Tout à la fois, un peu des trois ou pas. Bref c’est faisable, mais on n'y va que si l’envie est là.

Est-ce que je suis totalement autonome par rapport aux logiciels propriétaires ?

Non pour la partie professionnelle, où j’ai besoin de l’espace collaboratif de Zoho, de la suite Microsoft 365 pour être sûr de traiter tous les fichiers clients et des outils de synchronisation pour ZohoDrive et OneDrive. Mais cela s’arrête là. Tout le reste est basculé sur du logiciel libre.

Pour la partie personnelle, en dehors du traitement des photos, tous les autres outils et applications que j’utilise sont des logiciels libres.

Concernant le casque, à l’usage la partie audio interne n’est pas très stable ; je n’ai pas eu envie d’investiguer et j’ai acheté pour quelques euros une carte son USB qui fonctionne sans se poser la moindre question. C’est bien dommage, mais au moins, maintenant, les problèmes ont disparu.

Et vous, avez-vous envie de passer du côté éclairé de la Force ?